La politique de répartition des revenus en Chine

| Auteur:Wei Haisheng | Publié le:2024-03-12

Comme chacun le sait, l’un des problèmes les plus saillants de la Chine contemporaine, qui est aussi un défi important pour le gouvernement chinois, est l’élargissement évident du fossé entre les revenus et l’inégalité croissante dans la répartition des revenus. Quelle est donc la politique que le PCC entend suivre pour remédier à cette situation ?

I. L’évolution de la politique de répartition des revenus en Chine : une rétrospective

Depuis l’aube de l’histoire chinoise, l’égalitarisme a trouvé en Chine un milieu favorable. Durant les quelques décennies qui ont suivi la fondation de la RPC, la Chine a eu pour principe de répartition ce que l’on appelle ici « la grosse marmite de riz », une politique très peu efficace qui a eu pour résultat d’entraver le développement économique et l’élévation du niveau de vie de la population. À partir de 1978, année du lancement de la politique de réforme et d’ouverture, la Chine a mis en place un nouveau système de répartition fondé sur deux principes : le premier est « à chacun selon son travail » (en théorie) ; le second est le système de rémunération forfaitaire (dans les faits). Or mettre l’accent sur le rendement du travail, c’était permettre l’écart des revenus. A partir de ce moment-là, la politique de répartition des revenus a connu trois périodes, connues chacune par un slogan particulier :

La première période va de 1978 à 1992. Son mot d’ordre est « permettre à une partie de la population de s’enrichir avant les autres ». Il s’agit de laisser certains Chinois bien gagner leur vie afin de stimuler l’économie et, par là, d’agrandir le « gâteau » à répartir.

La deuxième période va de 1992 à 2006. Son mot d’ordre est « Privilégier l’efficacité sans négliger l’équité ».

La troisième période commence en 2006. Le mot d’ordre est désormais « Veiller en priorité à la justice sociale ».

II. L’ajustement de la politique de répartition des revenus du PCC : une analyse

A. Situation actuelle

1. L’écart entre les revenus les plus élevés et les revenus les plus bas ne cesse de s’aggraver.

2. L’écart des revenus entre citadins et ruraux est considérable.

3. L’écart des revenus entre différentes régions du pays se creuse.

4. Les différences de salaires entre secteurs et métiers augmentent sans cesse.

La différence grandissante entre hauts et bas revenus est depuis plusieurs années un sujet de préoccupation pour toute la société chinoise. Selon les sondages, ce problème est même considéré comme le premier fléau social de la Chine par les personnes interrogées. Cela signifie que l’écart des revenus a dépassé la limite du supportable. Par conséquent, la nouvelle génération de dirigeants du PCC attache une grande importance à la résolution de ce problème.

B. Causes

1. L’influence du système de l’économie planifiée ;

2. Les répercussions de la réforme du système politique ;

3. Le manque d’intérêt pour la mise en place de véritables services sociaux ;

4. Les facteurs négatifs liés à la marchéisation.

C. Polémique

Dans la société chinoise, et en particulier dans les milieux académiques, l’existence d’un fossé de plus en plus grand entre les revenus est reconnue par tous. Quant à savoir comment réduire cet écart, là-dessus les opinions divergent considérablement, donnant lieu à un débat animé. Les questions qui font l’objet de discussion sont les suivantes :

1. Quelle est l’ampleur exacte de l’écart des revenus ? Cet écart a-t-il déjà atteint le stade de « bipolarisation »?

2. Comment traiter la question de l’équité lorsque l’on parle de la répartition des revenus et de son inégalité ?

3. Quelle est la raison de l’écart grandissant des revenus ?

4. Comment traiter les rapports entre l’efficacité et l’équité dans la Chine d’aujourd’hui ?

D. Avis personnel

Primo, nous estimons que la question de la répartition des revenus est liée à la situation générale du pays. 1) La Chine est un pays en voie de développement où subsistent de nombreuses disparités et où l’on peut parler d’une «  économie duale » (économie à deux vitesses).  2) La Chine a une population énorme dans laquelle la part de la population rurale reste très élevée. En outre, les ressources naturelles n’y sont pas abondantes et son milieu naturel ne peut supporter des contraintes excessives. 3) La Chine est un pays qui a vécu pendant plus de deux mille ans sous un régime féodal autocratique, les traditions démocratiques y sont faibles. 4) La Chine a été profondément marquée par la planification économique. Elle est en train de vivre le moment difficile de la transition d’un système de gestion économique centralisé à une économie de marché. 5) La Chine est un pays qui a longtemps vécu en vase clos. Elle a dû attendre la réforme et l’ouverture pour ouvrir les yeux sur le monde. Aujourd’hui, elle tente de trouver un modus vivendi avec le reste de la planète. Il y a peu de pays dans le monde qui possèdent les cinq caractéristiques que nous venons de mentionner. C’est à partir de ces données qu’il nous faut étudier la question de la répartition des revenus en Chine.

Secundo, nous estimons que la question de la répartition des revenus en Chine ne saurait être dissociée de celle de la mondialisation. En effet, l’aggravation des disparités dans la redistribution des richesses est liée à la mondialisation économique.

Tertio, l’écart des revenus est un phénomène social objectif lié aux progrès de la modernisation. Si l’on songe à la pauvreté causée par l’égalitarisme, on peut dire que les disparités actuelles sont un signe de progrès social et qu’elles sont un résultat inévitable de la réforme et du développement de la société chinoise.

Ensuite, il convient de signaler que l’écart actuel se produit sur la base d’une augmentation générale des revenus. Depuis la réforme et l’ouverture, la Chine a fait sortir de la pauvreté plus de deux cents millions de personnes. Des masses considérables de gens ont dit adieu à la misère.

Quarto, bien que l’écart des revenus soit considérable, le développement de la Chine se poursuit et l’amélioration des conditions de vie suit la même courbe ascendante.

Quinto, il faut comprendre que la solution du problème de l’inégalité des revenus ne peut être que dynamique. S’imaginer combler le fossé du jour au lendemain relève de la pure utopie.

Sexto, en s’efforçant d’atténuer les écarts de revenu, il importe de régler convenablement la question du rapport entre l’efficacité et l’équité. Pas d’équité sans une société de moyenne aisance régie par le principe d’efficacité : négliger l’efficacité, c’est retomber dans la pauvreté ; simultanément, l’équité est le but vers lequel doit tendre l’efficacité.

III. L’ajustement de la politique de répartition des revenus du PCC : points essentiels

Voici les points essentiels de la politique de répartition des revenus du PCC :

1. Ajustement politique. Récemment le Comité central a pour la première fois souligné dans ses documents que « réaliser la justice sociale est une des tâches essentielles de l’édification d’un socialisme à la chinoise » et qu’« une répartition équilibrée des revenus est un signe de justice sociale ». Ce nouveau discours reflète l’orientation à venir du PCC, sa nouvelle échelle de valeurs dans la poursuite de la réforme et du développement. Il devrait servir de guide aux efforts en vue de mieux répartir les revenus en Chine. Le PCC a aussi déclaré qu’« il faut régler convenablement les rapports entre l’efficacité et l’équité dans la distribution primaire et dans la distribution secondaire et qu’ « il faut veiller particulièrement à l’équité dans la distribution secondaire ». La page a donc été tournée sur les formules anciennes telles que “privilégier l’efficacité sans négliger l’équité” ou “l’efficacité doit régir la distribution primaire, l’équité la distribution secondaire”. Ainsi ont été posés les objectifs et les orientations de la réforme du système de répartition des revenus.

2. Le PCC a donné une description complète de la répartition des revenus en disant : “Maintenir et améliorer le système de répartition fondé essentiellement sur la rémunération selon le travail fourni sans exclure d’autres modes de répartition ;  mettre en place un système de répartition qui tienne compte de la contribution à la production sous la forme d’apport en travail physique, en capital, en techniques et en gestion”.

3. Augmenter la part des revenus distribués à la population dans le revenu national, s’efforcer de restructurer le système de répartition du revenu national.

4. Augmenter progressivement la part de la rémunération du travail dans la distribution primaire. Pour la plupart des bas revenus, cette politique revêt une importance cruciale. Comme on le sait, dans le système de répartition des revenus en Chine, si une forte proportion de travailleurs tire ses revenus de la distribution secondaire, les bas revenus n’ont la plupart du temps pas d’autre moyen de subsistance que la rémunération de leur travail. Augmenter la part de la rémunération du travail dans la distribution primaire, c’est faire en sorte qu’ augmente au fur et à mesure du développement économique la rémunération de ceux qui n’ont d’autre ressource que leur force de travail ; c’est leur permettre de récolter à leur tour les fruits de la croissance économique. Seule une augmentation rapide des revenus faibles -- plus rapide que celle des hauts revenus -- pourra atténuer le fossé entre riches et pauvres en Chine.

5. Relever le seuil de la pauvreté et le niveau du salaire minimal, assurer l’augmentation régulière des salaires du personnel des entreprises et le versement régulier de ceux-ci. Ces mesures devraient permettre de résoudre plusieurs problèmes graves qui affectent la majorité des travailleurs, à savoir le niveau anormalement bas des salaires, l’augmentation irrégulière et lente des salaires et les retards de paiement. Une dizaine de départements du gouvernement, dont le ministère du Travail et de la Protection sociale, sont en train d’élaborer un “code salarial”, le premier du genre en Chine, en fonction de ces idées directrices.

6. Favoriser les revenus du capital et de la propriété. Il s’agit d’une mesure concrète découlant de l’idée de répartition selon la part prise sous diverses formes dans la production, d’une diversification des sources de revenus légales en dehors du salaire qui comprend les produits financiers (dépôts, placements, obligations, actions, fonds de pension). C’est une manière d’accélérer l’avènement de la société d’aisance moyenne.

7. Tendre vers l’égalité des chances, réglementer le système de distribution : seule l’égalité des chances permet l’égalité de point de départ ; seule la réglementation du système de distribution permet l’égalité de progression et des résultats finaux.

Résumons : les grandes lignes de la réforme du système de distribution des revenus en Chine sont : augmenter les bas revenus ; élargir la part des revenus moyens ; ajuster les revenus trop élevés ; lutter contre les revenus illégaux ; protéger les personnes démunies et augmenter les revenus des paysans ; faire jouer à l’impôt son rôle égalisateur, réduire le poids de l’impôt sur les revenus moyens et faibles ; renforcer la fiscalité sur les revenus élevés ; réduire les écarts de revenu entre les régions et certaines composantes de la population.

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