Note inharmonieuse : étude sur la pauvreté actuelle en Chine

| Auteur:Wang Jin | Publié le:2024-03-12

La Chine fait partie des pays où le problème de la pauvreté et celui du développement sont parmi les plus aigus au monde. Les efforts consentis à l’aide au développement des régions rurales pauvres, aide renforcée depuis longtemps par le parti communiste chinois et le gouvernement, ont enregistré de grands succès. Tout au long des vingt ans qui ont suivi le lancement de la politique de réforme et d’ouverture, grâce à cette aide de grande envergure, bien organisée et planifiée, le pays a réduit son nombre de pauvres ruraux de 250 millions en 1978 à 21,48 millions en 2006. Selon les statistiques de la Banque mondiale, entre 1991 et 2000, la pauvreté au niveau mondial (les personnes dont le niveau de vie est inférieur à un dollar par jour) a diminué de 274 millions, les Chinois représentent 55% de ce total, soit 151 millions de personnes. Avec la réduction de moitié de son taux de pauvreté dès 1990, la Chine a anticipé un accomplissement des objectifs du Millénaire pour le développement.

Cependant, le niveau de développement économique est relativement limité, et la société se dualise du fait du déséquilibre dans le rythme de développement entre les villes et les campagnes. De la sorte le problème de la pauvreté reste assez aigu en Chine. Selon la norme fixée par le Rapport sur le développement dans le monde 2005 de la Banque mondiale (un revenu de moins de 1 dollar par jour consommé par personne), en 2001 on a atteint quand même un total de 212 millions des pauvres, un chiffre qui n’est dépassé que par l’Inde (359 millions). Ainsi, le taux de pauvreté reste de 16,6% en Chine.

 

I. Répartition et situation des pauvres

1. Les ruraux pauvres

Selon les statistiques, dans leur lutte pour la survie, 21,48 millions des ruraux chinois n’arrivent pas à franchir les seuils de pauvreté absolue et relative. D’ailleurs, chaque année des millions de paysans perdent leurs terres, leur nombre actuel ayant déjà atteint les quarante à cinquante millions.

2. Les travailleurs migrants d’origine paysanne en ville

Les statistiques nous montrent que presque 100 millions de travailleurs d’origine rurale ont jusqu’à maintenant migré vers les régions urbaines pour y trouver un emploi. Si l’on tient compte des membres de leur famille qui sont migrés avec eux, à peu près 130 millions de ruraux ont, depuis une dizaine d’années, gagné les régions urbaines.

3. La couche pauvre urbaine, dont la majorité est composée de chômeurs

Selon des enquêtes et des analyses, à présent, la couche pauvre urbaine se compose principalement des deux catégories suivantes : d’une part, les pauvres urbains traditionnels, soit ceux qui n’ont pas ni moyens d’existence, ni capacité de travail, ni personne pour assumer la responsabilité juridique de leur entretien, et ceux qui font l’objet d’une aide prioritaire (militaires invalides et familles de militaires et de martyrs révolutionnaires) apportée par le Ministère des affaires civiles ; d’autre part, les employés pauvres urbains, c’est-à-dire les employés mis à pied en raison d’un déficit ou d’un changement structurel de leur entreprise, les chômeurs issus des entreprises en faillite, les employés sans poste et les retraités des entreprises qui ont cessé toute leur production ou une partie de leur production. Selon les statistiques, le taux de pauvreté urbaine est entre 6% et 8%.

4. Les handicapés physiques

Selon les chiffres fournis par le Service de l’aide aux pauvres de la Fédération nationale des handicapés, la Chine comptait 60 millions de handicapés en 1997, parmi lesquels 17 millions étaient des pauvres absolus, dont 12 millions de pauvres absolus ruraux. Les chiffres montrent que les pauvres handicapés représentent un quart du nombre total des pauvres en Chine. Cette proportion est plus élevée que celle entre les pauvres handicapés et la population totale (5 %).

5. Les vieux

La Chine a déjà franchi le seuil d’une société vieillissante. Pour l’instant, les personnes âgées ayant plus de 60 ans ont atteint le nombre de 143 millions, qui représente 11 % de la population totale. En 2020, la proportion sera de 17, 2%. Outre les ruraux âgés, une partie de citadins âgés ont des difficultés pour vivre en raison de la faiblesse des subventions, de l’absence d’enfants ou de la maladie physique. Ils ont besoin d’une aide sociale pour mener une vie normale.

 

II. Raisons pour lesquelles les pauvres sont indigents

Les éléments causant la pauvreté sont extrêmement complexes. Les principales raisons sont les suivantes.

1.       Les mauvaises conditions naturelles sont un facteur objectif de pauvreté.

Les mauvaises conditions naturelles et le mauvais environnement naturel constituent les conditions générales de vie des régions pauvres chinoises. Selon les statistiques, en 2004, les pauvres absolus qui habitent dans les régions montagneuses ont représenté 51, 4% des pauvres, et les pauvres continus qui habitent dans les régions déshéritées en ont représenté 76%. D’ailleurs 46% des pauvres continus disposent de moins de 1 mu des terres arables par personne.

2. Des problèmes accumulés, tels que l’infrastructure retardataire, restreignent le développement économique des régions pauvres et l’amélioration des conditions de vie.

A cause d’un environnement géographique particulier, d’un investissement à long terme limité, de la pression de l’accroissement démographique, l’infrastructure est très loin du niveau satisfaisant : ouvrages hydrauliques retardataires, mauvaise condition des routes, fourniture insuffisante d’électricité et conditions médiocres du logement. Comme des habitants de certaines régions ne dépendent que de la nature pour vivre et élever du bétail, leur niveau de vie est difficile à améliorer d’une façon régulière et stable. Selon les statistiques, dans les régions pauvres de la province du Sichuan, 38, 8% des villages n’ont pas de routes, 24, 9% n’ont pas de l’électricité, et 44, 6% ne sont pas couverts par la radio ni la télévision. En outre, presque 840 000 personnes de la province ne peuvent pas y boire de l’eau potable, et 190 000 personnes y ont des difficultés concernant le logement.

3. Le confinement dans le secteur primaire et la monoculture sont des goulets d’étranglement.

L’économie de la plupart des régions pauvres rurales comprend l’agriculture, l’élevage, la sylviculture, l’arboriculture etc. Mais l’industrie et la transformation sont presque absentes, et le secteur tertiaire, notamment le commerce et les services, ne représente qu’une proportion très petite de l’activité. Par ailleurs la structure des produits n’est pas bonne. Les plantations se concentrent sur les céréales. De plus, l’augmentation de la production sans accroissement des revenus est un problème très aigu, dû à l’augmentation des coûts de production et à la récession des prix sur le marché des produits agricoles.

4. L’augmentation du nombre des employés mis à pied résulte de la restructuration des entreprises d’Etat et de la baisse de la rentabilité économique.

Actuellement, la population des pauvres urbains consiste principalement en chômeurs, employés mis à pied et quasi-chômeurs des entreprises qui ont cessé toute la production ou une partie de la production. Le chômage et le quasi-chômage résultent de beaucoup de facteurs.

Premièrement, au sommet de l’augmentation du nombre des personnes en âge de travailler, l’offre de main-d’œuvre est supérieure à la demande. Deuxièmement, la mise en oeuvre des nouvelles techniques et l’augmentation de la productivité ont diminué les emplois. Troisièmement, le transfert de main-d’œuvre vers les villes a exercé une lourde pression sur les emplois urbains. Quatrièmement, la restructuration des entreprises d’Etat a crée sans doute une masse d’employés en surnombre formé sous le contexte de l’économie planifiée. Cinquièmement, la mauvaise gestion des entreprises a entraîné la baisse de la rentabilité économique. Tous les éléments ci-dessus ont multiplié les entreprises qui ont cessé toute la production ou une partie de leur production et par suite le nombre d’employés mis à pied.

5. Le bas niveau d’instruction est l’une des raisons importantes de la pauvreté.

Le bas niveau d’instruction est un trait distinctif de la population des pauvres et une raison importante de la pauvreté. Selon les statistiques, le taux d’analphabétisme de la main-d’œuvre a même atteint 14% dans les districts importants où l’on a mis en application l’aide au développement. D’ailleurs, parmi les foyers agricoles qui connaissent la pauvreté pendant deux ans successifs, le taux d’analphabétisme s’élève à 28,1%.

6. La pauvreté est aussi causée par les carences du système éducatif et la maladie.

Certes, la Chine met en oeuvre la politique de l’enseignement obligatoire. Mais, comme les recettes financières et l’investissement destiné à l’éducation sont modestes dans certaines régions, des écoles augmentent les frais afin de boucher la brèche financière et de maintenir les dépenses de l’école. Dans certaines régions, les écoliers doivent payer 700 ou 800 yuans par an comme frais divers d’études, alors que les élèves de l’enseignement secondaire doivent payer plus de 1000 yuans. La Fédération nationale des élèves et des étudiants a publié au début de l’année 2006 un rapport d’enquête, qui montre qu’un étudiant doit payer 38 500 yuans en moyenne pour mener à bien des études universitaires de quatre ans. Ce chiffre égale presque le revenu de 40 ans d’un agriculteur le plus pauvre dans l’Ouest de la Chine. Bien évidemment, les pauvres ne peuvent pas l’assumer.

Pendant ces dernières années, les frais trop élevés des soins médicaux et les faiblesses du système de santé sont à l’origine de la pauvreté de beaucoup de familles. A la fin de l’année 2003, les enquêtes faites par le Ministère de la santé publique démontrent que 65% de la population ne sont couverts par aucune sécurité médicale, dont 45% des citadins et 79% des habitants ruraux. Par conséquent, les dépenses destinées à la protection de la santé des habitants urbains et ruraux représentent à peu près 6% à 7,4% des dépenses familiales des habitants. Dans les régions rurales, de 40% à 60% des personnes tombent ou retournent vers la pauvreté à cause de la maladie.

7. Le système de la sécurité sociale est imparfait.

La sécurité sociale est censée être le réseau de sécurité et le stabilisateur destinés à assurer le fonctionnement de l’économie de marché. Pourtant, le système de la sécurité sociale est imparfait en Chine, et la couverture sociale est très limitée. A la fin de l’année 2003, les salariés couverts par l’assurance vieillesse étaient au nombre de 116,46 millions, ce qui ne représente que 45,4% des actifs urbains pendant la même période (256,39 millions). Les personnes couvertes par l’assurance vieillesse rurale ne représentent que 11,2% des actifs ruraux.

8. La perte de la capacité de travail à cause du handicap physique et du vieillissement est aussi une raison de la pauvreté.

 

III. Propositions et contre-mesures pour résoudre la pauvreté.

La pauvreté menace les droits vitaux d’une façon directe et prive le peuple de sa dignité de vie. A cause de la pauvreté, on ne peut bénéficier des fruits apportés par le développement social. Comme un enfant abandonné par la société, on est marginalisé petit à petit et on s’enfonce dans les bas-fonds dans les domaines de la politique, de l’économie et de la position sociale. Tout cela peut susciter le sentiment d’exclusion, l’insatisfaction et des comportements antisociaux chez les pauvres, ce qui nuit au développement harmonieux de la société. Résoudre le problème de la pauvreté est une tâche complexe. De la sorte il nous faut réfléchir sur les plans suivants :

1. Le renforcement de la construction de l’infrastructure rurale est une condition préalable et une garantie à la solution de la pauvreté rurale.

L’amélioration de l’infrastructure rurale implique la construction d’ouvrages pour les transports, les télécommunications, l’électricité, l’eau potable, etc. Ces grands ouvrages dont la couverture est assez large peuvent énormément améliorer les conditions de production et de vie dans les régions pauvres.

2. Il faut prendre des mesures en fonction des conditions locales et renforcer l’aide étatique pour les régions pauvres.

On doit viser les produits et les secteurs qui ont une supériorité évidente ou potentielle, les planifier par région afin de changer d’échelle et de suivre la voie du développement de l’industrialisation.

3. L’éducation élémentaire est un moyen efficace pour éliminer la pauvreté à long terme.

Comme le bas niveau d’instruction est largement responsable du sort inchangé de la plupart des pauvres, l’éducation reçue par les enfants peut sans aucun doute rompre l’enchaînement de la pauvreté familiale de génération en génération. Dans l’esprit de la conception scientifique de développement, la politique de l’éducation publique se trouve face à de grands changements. La loi sur l’enseignement obligatoire renouvelé a été mise en application le 1er septembre 2006. Cette nouvelle loi établit un mécanisme du partage des frais de l’éducation obligatoire entre l’autorité centrale et les autorités locales. En outre, elle précise pour la première fois que les frais divers d’études sont complètement éliminés dans le cadre de l’éducation obligatoire, et elle garantit au niveau juridique les investissements destinés à l’éducation obligatoire.

4. Il faut renforcer le macro-contrôle et promouvoir les emplois.

Le gouvernement doit inscrire le problème des emplois parmi les objectifs stratégiques du macro-contrôle et favoriser la création des emplois par les moyens du macro-contrôle. L’aide aux emplois doit donner la priorité à la population des pauvres, notamment aux employés mis à pied, aux travailleurs migrants d’origine paysanne, puisqu’ils se caractérisent par un bas niveau d’instruction, une capacité technique étroite et une condition d’âge défavorable. En conséquence, il faut créer davantage de postes publics et assurer l’application des politiques favorables aux entreprises, telles que les politiques de création d’emplois et les politiques de financement destinées à la formation d’emplois.

5. Il faut renforcer le système de sécurité sociale pour donner aux pauvres la priorité dans les politiques de bien-être social.

Tout d’abord, le système de garantie primaire de moyens de subsistance doit être amélioré, pour que les pauvres urbains et ruraux qui ont perdu leur capacité de travail à cause de la maladie ou du handicap physique et qui ne peuvent depuis longtemps manger à leur faim ni être vêtus chaudement puissent bénéficier de leurs droits fondamentaux.

De plus, le système de l’assurance chômage doit être amélioré. On doit s’occuper en priorité des employés mis à pied et des chômeurs urbains pour éviter de les enfoncer dans la pauvreté faute de revenus de base. Par ailleurs il faut intégrer les jeunes urbains chômeurs et les chômeurs migrants dans le système de l’assurance chômage.

En outre, à l’égard de l’assurance maladie, une réforme constitue un impératif de l’heure. On doit élargir la couverture de l’assurance maladie afin d’éliminer la pauvreté causée par la maladie. A partir de l’année 2003, le gouvernement chinois a commencé à attacher une grande importance à l’édification du système de l’assurance maladie. Dans les régions urbaines, à la fin de l’année 2005, 42,5% des salariés et retraités urbains ont été intégré dans « l’assurance maladie de base des employés ». Dans les campagnes, au 30 juin 2006, les participants au système de cotisation pour soins médicaux comptaient 396 millions de personnes, qui représentaient 44,7% de la population agricole.

Enfin, il s’agit de l’assurance vieillesse. Le gouvernement pourrait transformer d’une façon régulière l’assurance vieillesse actuelle en une assurance dont tout le peuple pourrait bénéficier afin d’intégrer les agriculteurs et les travailleurs migrants dans le nouveau système.

6. Il faut mettre l’accent sur la participation des pauvres au processus décisionnel.

Il est nécessaire d’établir des canaux entre le gouvernement et la population faible afin que les revendications de cette dernière puissent s’exprimer par une voie institutionnelle. Au niveau de la décision, en établissant une voie solide qui puisse refléter les opinions du peuple, tous les gouvernements aux différents échelons pourront écouter avec attention la voix des pauvres et les aider à résoudre leurs problèmes urgents. Au cours de l’élaboration des politiques importantes, ils doivent également bien tenir compte de l’influence de chaque politique sur la population des pauvres. Au niveau local, on doit améliorer les droits à l’information, à la participation et au partage des bénéfices, avec l’édification de la politique démocratique locale. En outre, à l’aide du développement des services publics, on pourrait éliminer les obstacles sociaux causés par certains facteurs, tels que le sexe, la nationalité, la position sociale, etc., et aider les personnes défavorisées à surmonter la pauvreté.

7. Il faut entraîner les divers milieux de la société à partager les responsabilités appropriées.

En précisant les responsabilités du gouvernement, de l’entreprise et de l’individu, l’Etat doit entraîner activement les divers milieux de la société à partager les responsabilités appropriées de la sécurité sociale.

8. L’investissement destiné au développement social doit être augmenté.

En 2005, les dépenses destinées au développement social n’atteignaient qu’un montant de 2238 milliards de yuans, dont 1342,7 milliards de yuans pour la sécurité sociale et le bien-être (soit 60% des dépenses totales, et 1030 yuans de yuans par tête) et 895,3 milliards de yuans pour la culture, l’éducation, la science et la santé (soit 4,9% du PIB, 687 yuans par tête). La proportion entre les dépenses destinées au développement social et les dépenses totales est évidemment inférieure à celle des autres pays. En prenant l’exemple de la proportion entre les dépenses pour l’éducation, la santé et la sécurité sociale et le PIB, la Chine atteint à peine 10%, ce qui est inférieur aux Etats-Unis (16%), à la France (30%) et à beaucoup d’autres pays, comme la Pologne, la Russie, l’Iran et le Brésil (environ 20%). Les comparaisons entre les seules dépenses pour l’éducation publique et le PIB sont du même ordre. La proportion est non seulement inférieure à la proportion moyenne du monde (4,8%) et à celle des pays développés (7%), mais aussi voisine de celle de pays à très bas revenu (4%). Tout cela entraîne un manque de crédits pour l’éducation, la santé et la sécurité sociale, et il est donc difficile de réaliser l’aide aux pauvres. Par conséquent, pour régler le problème de la pauvreté, l’augmentation des dépenses destinées au développement social constitue un impératif de l’heure en Chine.

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