L’Armée de reconstruction et de production du Xinjiang

Source:Bureau d’information du Conseil des affaires d’État | | Publié le:2015-01-05

  L’Armée de reconstruction et de production du Xinjiang :

      une rétrospective

  (octobre 2014)

   Bureau d’information du Conseil des affaires d’État

  Préface

  Confier les marches du pays à la garde de soldats chargés en même temps de coloniser ces contrées particulièrement exposées est en Chine une pratique millénaire. Aux frontières du Nord-Ouest, l’existence de ces gardes-colons remonte à plus de deux mille ans, sous la dynastie des Han de l’Ouest. En 1954, cinq ans après la libération pacifique du Xinjiang, le gouvernement central chinois décida de mettre sur pied une force toute particulière : l’Armée de reconstruction et de production du Xinjiang ou « Bingtuan » (prononcer « bing » à l’anglaise et « tuan » comme « Toine »). Cette décision, qui s’inscrit dans le droit fil de la tradition des soldats-colons, était -- et reste -- parfaitement compatible avec la situation de la région et les intérêts supérieurs de la Chine.

  60 années se sont écoulées. Durant celles-ci, travaillant au milieu des populations locales dont ils partagent au jour le jour les joies et les peines dans un milieu naturel souvent ingrat, voire hostile, les reconstructeurs et leurs familles se sont dépensés sans compter pour accomplir la noble mission de protection et de fructification que leur a assignée le gouvernement. C’est ainsi que partant de rien, faisant office à la fois de brigades de travail, de production et de combat, n’ayant souvent pour armes que leurs seules mains, ces valeureux pionniers de la modernisation du Xinjiang ont réussi à aménager, au coeur de l’impitoyable Gobi, des oasis luxuriantes, à créer de vastes exploitations agricoles, à bâtir de grandes entreprises minières et industrielles, et à faire surgir une multitude de villes et bourgades flambant neuves. Pour le développement économique du Xinjiang, pour l’unité nationale, pour la consolidation des frontières du pays, le labeur fourni par les reconstructeurs militaires du Xinjiang est d’une valeur exceptionnelle qui restera à jamais gravée dans les mémoires.

  À l’occasion du 60e anniversaire de la création de cette unité militaire exemplaire, il nous a semblé bon d’offrir au public un petit ouvrage qui donnerait une idée de la richesse et de la grandeur de l’histoire de ces soldats-colons de notre temps. Nous espérons, en particulier, que ce « livre blanc » aidera la communauté internationale à saisir non seulement le rôle de cette armée de défricheurs-bâtisseurs, mais aussi à comprendre quels sont les hommes qui la composent et à entrer ainsi dans la vie de ce groupe social hors du commun.

  1. Les débuts

  Le Xinjiang est une région de la Chine située dans le nord-ouest du pays. C’est dans ce milieu géographique et historique unique que l’Armée des reconstructeurs du Xinjiang, le « Bingtuan » a vu le jour.

  Lors de la libération pacifique du Xinjiang en 1949, l'économie locale reposait sur une agriculture arriérée et à faible rendement. En réalité, tout le Xinjiang végétait, et grande était la pauvreté parmi les gens. Pour consolider la défense des zones frontalières, accélérer le développement économique local et réduire le fardeau financier des gouvernements locaux et des populations autochtones de diverses ethnies, l’Armée populaire de libération (APL) stationnée au Xinjiang reçut en janvier 1950 l’ordre de reconvertir le gros de ses forces en une armée qui serait vouée à la reconstruction. Les résultats sont brillants : la même année, l’autosuffisance est atteinte pour les huiles comestibles et les produits horticoles, et quasiment atteinte pour les céréales. En 1953, la région militaire du Xinjiang divise ses troupes en deux armées (bingtuan), l’une affectée à la défense et l’autre à la reconstruction. Cette dernière se voit attribuer d’un coup 43 exploitations agropastorales couvrant une superficie totale de 77 260 hectares de terres arables. En même temps sont lancées  dans l’industrie, les transports, le bâtiment, le commerce, la recherche, l’éducation, la culture et la santé publique une multitude d’initiatives—sous la forme d’établissements publics (shiye danwei)-- qui vont donner une nouvelle impulsion au développement du Xinjiang. C’est sur cette base que s’élèvera et travaillera le futur Bingtuan.

  En octobre 1954, le gouvernement ordonna la fusion et la reconversion de plusieurs unités militaires stationnées au Xinjiang : il s’agissait du gros des forces de la 2e, de la 5e et de la 6e armées, ainsi que de toute la 22e division. Le résultat s’appelle l’« Armée de reconstruction et de production de la région militaire du Xinjiang », une unité sous le commandement de la région militaire et de la branche locale du comité central. Sa vocation était double, à la fois civile et militaire, puisqu’il s’agit de défendre la zone frontière et d’en réaliser la fructification économique. Dès lors, l’exploitation agropastorale va prendre un caractère officiel et, cessant de servir l’autosubsistance, s’engager dans la production à grande échelle, ce qui, en ces temps-là, signifie son incorporation dans l’économie du Plan. À cette époque, les effectifs de cette grosse unité s’élevaient à 175 500 personnes. Là-dessus, on vit affluer un grand nombre de jeunes et d’adultes remarquables : il s’agissait de militaires démobilisés, d’intellectuels, de scientifiques et de techniciens désireux de participer à la mise en valeur du Xinjiang. À partir de mai 1956, les exploitations de l’armée passèrent sous la direction de l’Office national du défrichement et de la région autonome ouïghoure du Xinjiang.

  En 1962, des incidents survinrent à Yili et Tacheng : des populations avaient franchi illégalement la frontière. Selon les directives du pouvoir central, 17 000 cadres et travailleurs furent aussitôt déployés aux points sensibles, à Yili, Tacheng, Hami et Bo’ertala en Mongolie intérieure pour y aménager une sorte de glacis long de plus de 2000 km et profond de 10 à 30 km. En plus de veiller à rétablir l’ordre, ils devaient assurer l’administration de la zone et s’y livrer à son exploitation agropastorale. Ces mesures permirent de stabiliser le Xinjiang et de défendre les frontières du Nord-Ouest en améliorant la situation stratégique de la région. À la fin de 1966, l’unité comptait 1 485 400 personnes et gérait 158 fermes agropastorales d’État.

  Durant la "révolution culturelle" (1966-1976), le fonctionnement de cette armée d’agriculteurs et d’éleveurs fut gravement perturbé. En mars 1975, l’organisation fut dissoute à la suite de la création du bureau de l’agriculture de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Celui-ci prit en charge la gestion de toutes les activités agricoles et d’élevage de la région. En décembre 1981, le gouvernement central décida de reconstituer l’unité, mais en la rebaptisant simplement « Armée de production du Xinjiang ». Pour nos colons soldats, c’est un nouveau départ. En trente ans, le Bingtuan aura connu toutes les réformes : le système de contrat universel, le système de contrat familial, le système de contrat entrepreneurial, le système économique composite, etc. Il a aussi participé à l’industrialisation et à l’urbanisation, donnant ainsi un sens toujours nouveau à sa mission de pacification et de fructification des frontières. En 60 ans, sans faire concurrence aux populations locales, dans le milieu éprouvant de l’immense région désertique du Gobi, le Bingtuan, en plus de son activité agropastorale, a réussi à monter une multitude d’entreprises spécialisées dans l’agro-alimentaire, le textile, la construction mécanique, l’extraction de charbon, la chimie industrielle, la production électrique, la sidérurgie, les matériaux de construction, sans oublier l’éducation, l’hygiène, la recherche et la culture.

  À la fin de 2013, le Bingtuan comptait 14 divisions et 176 régiments. Il disposait de terrains d’une superficie de 70 600 km2, dont 12 447 700 hectares de terres arables. Sa « population » s’élevait à 2 701 400 personnes, soit 11,9 % de la population totale du Xinjiang.

  2. Organisation et fonctions

  Le Bingtuan est une composante importante de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Il fonctionne sous un régime entrepreneurial politico-militaire : tout en étant placé sous la tutelle des autorités de la région autonome et du gouvernement central et de leurs règlements, il s’administre selon ses propres règles et possède une juridiction propre au titre d’organisation sociale spéciale reconnue par l’État chinois et incorporée dans sa planification.

  La principale mission du Bingtuan est la garde et la fructification des régions frontalières. Cette exploitation est fondée sur l’agriculture, mais sans exclure les secteurs secondaire et tertiaire. Elle a aussi pour préoccupations majeures de protéger le milieu local et de favoriser le progrès et la stabilité sociale. La garde des frontières s’entend donc au sens non seulement militaire, mais aussi social et politique. Le Bingtuan est activement engagé dans la lutte contre les groupes terroristes. Cela est même devenu sa principale activité depuis la fin des années 80, quand l’extension des activités des extrémistes religieux, des groupes terroristes et des mouvements sécessionnistes a mis gravement en danger la paix et la stabilité de la région, compromettant l’unité du pays.

  Le Bingtuan fonctionne dans le cadre de la planification nationale. Cela signifie que, tout en étant soumises à l’autorité des pouvoirs autonomes locaux, certaines de ses activités relèvent directement des services du gouvernement central. Cette double tutelle est une particularité du Bingtuan du Xinjiang qui contribue à une meilleure coordination entre le pouvoir central et les pouvoirs régionaux, tout en facilitant les relations du Bingtuan lui-même avec les services du gouvernement central et en favorisant le développement de ses activités propres.

  Au fil des années, pour l’aider à remplir ses missions de sécurité et de service public, et soutenir ses activités dans l’enseignement, la santé publique, la recherche, la sylviculture et l’agriculture, le gouvernement central a pris des mesures politiques et dégagé des moyens financiers qui ont largement contribué à sa vitalité en tant qu’entité socio-économique.

  Le Bingtuan fonctionne sous un régime qui combine les éléments politique, institutionnel, militaire et commercial sous une forme hautement intégrée. Toutes les unités du Bingtuan ont pour base une cellule du Parti, qui joue vis-à-vis d’elle le rôle d’organe directeur. Le Bingtuan possède aussi ses services administratifs et ses organes judiciaires par lesquels il assure son bon fonctionnement. Le Bingtuan est en même temps une organisation militaire régulière composée de citoyens et divisée en divisions et en régiments avec leurs chefs respectifs. Finalement, le Bingtuan a aussi une raison sociale, à savoir le groupe Reconstruction de Chine : en tant que tel, il constitue une grande entreprise publique spécialisée dans l’agriculture, l’industrie, les transports, les matériaux de construction et le commerce. Comme on peut le voir, il s’agit donc d’une entité qui marie de manière heureuse le politique, l’institutionnel, le militaire et l’économique.

  Le Bingtuan déploie ses activités au coeur même de la société du Xinjiang. L’ensemble de ses divisions, de ses régiments et de ses établissements publics se trouve dans les divisions administratives de la région autonome ouïghoure. Toutes les composantes et ramifications du Bingtuan sont dirigées de manière centralisée et verticale. Dans les zones où sa présence est massive et où l’intérêt stratégique et/ou économique le justifiait, le Bingtuan a créé des entités administratives mixtes qu’il dirige lui-même : 7 villes-divisions qui représentent des villes ayant le statut administratif de districts de la région autonome ouïghoure et 5 bourgs-régiments, qui sont des bourgs institués. Tous les organes du Parti et les services administratifs de ces entités appliquent le système dit : « une seule institution, deux plaques à inscription ».

  3 Activités et initiatives économiques

  L’activité économique déployée par le Bingtuan est une composante importante de l’activité économique globale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Depuis le lancement de la politique de réforme et d’ouverture, s’adaptant avec diligence aux nouvelles exigences de l’économie chinoise, le Bingtuan a redéployé ses activités et modifié son mode de fonctionnement. C’est ce qui lui a permis d’obtenir de grands succès dans l’urbanisation, la modernisation de l’agriculture et de l’industrie, la protection du milieu vital, l’amélioration du niveau de vie des populations locales, la création d’emplois, ainsi que l’amélioration des services publics et de l’assurance sociale.

  La puissance économique globale du Bingtuan ne cesse d’augmenter : en 2013, la valeur de la production du Bingtuan a atteint 149,987 milliards de yuan renminbi, soit 220 fois le chiffre de l’année de sa fondation et un taux de croissance annuel moyen de 9,6 % ; soit encore 22,9 fois le chiffre réalisé l’année du rétablissement du Bingtuan et un taux de croissance annuel moyen de 10,4 %. Elle a consolidé sa base agricole tout en accélérant son redéploiement dans l’industrie moderne jusqu’à en faire le pilier de ses activités. Quant à la part du secteur tertiaire, elle ne cesse d’augmenter. En 2013, la part des trois secteurs était respectivement de 29, 41,8 et 29,2 %.

  Le Bingtuan contribue puissamment à l’urbanisation régionale : sous la direction et la planification du gouvernement central et de la région autonome, et en tenant compte du facteur démographique et foncier, le Bingtuan a établi un plan d’aménagement du territoire divisé en zones d’habitation et d’exploitation économique. Sa politique d’urbanisation vigoureuse est fondée sur la structure des villes-divisions et des bourgs-régiments. Les villes ayant rang administratif de district créées par le Bingtuan sont au nombre de sept : Ala’er, Tiemenguan, Tumushuke, Shuanghe, Wujiaqu, Shihezi, et Beitun. Quant à ses bourgs institués, ils sont au nombre de cinq : Chuanzhen, Caohu, Wutong, Chajiahu et Beiquan. Nous avons ainsi une structure de développement composée de grandes villes, de villes-chefs-lieux, de villes-districts et des villages-cantons, ces trois derniers types d’agglomération étant situés dans des zones ouvertes à l’exploitation économique, soit de longue date, soit récemment. Ces centres urbains complètent le système urbain originel du Xinjiang tout en formant un réseau particulier, marqué au coin du Bingtuan. Aujourd’hui le taux d’urbanisation dans les zones gérées par le Bingtuan est de 62,3 %. La qualité des équipements urbains, des services publics, de la gestion municipale, de la planification et des services de toute sorte ne cesse de s’améliorer. Les villes et les bourgs relevant du Bingtuan sont d’ores et déjà devenus des centres économiques et culturels vers lesquels convergent les ressources les plus diverses : humaines, financières, sanitaires, médicales, éducatives, culturelles, etc. En même temps, ces agglomérations stimulent l’urbanisation de toute la région. En 2000, la ville de Shihezi a été classée par l’UNESCO parmi les villes les plus habitables du monde et proclamée « ville-jardin » par le gouvernement chinois en 2002.

     Le Bingtuan contribue à la reconstruction industrielle. L’activité industrielle du Bingtuan, qui a jeté les bases de l’industrie moderne de la région, est partie des produits auxiliaires de l’agriculture pour s’élargir au fil du temps jusqu’à embrasser des activités aussi diverses que la sidérurgie, l’extraction charbonnière, les matériaux de construction, la production d’électricité, la chimie industrielle, la construction mécanique, etc. Les piliers de son activité industrielle sont le textile et l’industrie légère. Au début du siècle, en réponse à la nouvelle politique de mise en valeur de l‘Ouest et profitant de ses atouts matériels et géographiques, il a diversifié ses activités en se lançant dans l’agro-alimentaire, l’industrie pharmaceutique, le prêt-à-porter, la chimie du chlore et du charbon, la transformation des métaux rares, la chimie du gaz naturel et du pétrole, les nouveaux matériaux de construction et la construction d’équipements. Le Bingtuan est d’ores et déjà le numéro un dans plusieurs secteurs, dont les équipements d’irrigation, les produits dérivés de la tomate et le coton. En 2013, la valeur ajoutée de la production industrielle du Bingtuan s’est élevée à 42,661 milliards de yuan renminbi, soit 28,5 % de valeur totale de sa production, en augmentation de 27,8 % par rapport à l’année précédente. Quant à la part de l’industrie dans le total des activités du Bingtuan, elle est de 45,3 %.

  Le Bingtuan contribue à la modernisation de l’agriculture. L’agriculture est le fondement et le fleuron de l’activité du Bingtuan du Xinjiang. Celui-ci n’a jamais cessé de poursuivre la voie de la modernisation de l’agriculture en ayant recours sur une large échelle aux techniques et aux moyens les plus avancés et en modernisant qualitativement et quantitativement la gestion des exploitations agricoles qui lui étaient confiées. On peut ainsi dire que le Bingtuan a été l’entreprise agricole pionnière de toute la région. En 2007, il a établi des centres de démonstration et d’essai pour les équipements d’irrigation économes en eau, les machines agricoles nouvelles et les méthodes de l’agronomie moderne. Ceux-ci lui ont permis de réaliser des avancées notables dans l’introduction et l’exploitation des techniques les plus en pointe dans le domaine de l’irrigation hydro-économe, de la mécanisation agricole, de l’ensemencement et de la culture, l’alimentation et la reproduction animales, favorisant ainsi la diffusion de ces techniques dans le Xinjiang. Grâce à une recherche novatrice et à des avantages d’échelle et d’organisation, le Bingtuan a atteint une efficacité certaine dans la modernisation agricole. En 2013, l’irrigation hydro-économe représentait déjà 74,4 % des superficies irriguées du Bingtuan, le niveau global de mécanisation atteignait 92 %, la surface consacrée aux cultures industrielles s’élevait à 85, 72 millions d’ha, dont plus de 68, 233 millions d’ha sont fertilisés selon des méthodes tenant compte de la nature des sols. Le Bingtuan a créé des centres de production d’articles de coton, de fruits et de bois du terroir de haute qualité qui font référence au niveau national. La production de coton s’élève à 1,4652 million de tonnes, soit 41,6 % de la production régionale et 23,2 % de la production nationale. Dans ce domaine, le Bingtuan occupe depuis plusieurs années la première place en ce qui concerne la production unitaire, le degré de mécanisation et l’intensité de main-d’oeuvre. Il occupe des positions avantageuses sur le marché de certains produits de terroir comme la lavande, le raisin, la poire, la pomme, la jujube, la tomate et la noix. 91 produits agricoles sont classés comme des marques importantes du pays ou du Xinjiang.

  Le Bingtuan lutte contre la désertification. La plupart des unités du Bingtuan sont installées dans des régions semi-désertiques exposées aux tempêtes de sable. C’est pourquoi elles jouent le rôle de barrière de protection des oasis du Xinjiang. Depuis de nombreuses années, le Bingtuan considère la protection du milieu comme l’une de ses priorités. En reboisant, en réalisant divers travaux hydrauliques, en fixant les dunes de sable, en dressant des brise-vent, en luttant contre la sodisation et l’alcalinisation des sols, en réduisant la consommation d’eau des systèmes d’irrigation, en mettant 800 000 ha de terres arides à l’abri d’une désertification complète grâce à des plantations, le Bingtuan a peu à peu aménagé un « cordon vert » autour des déserts du Taklamakan et de Gobi. Fait d’arbres de haute futaie, d’arbustes et de prairies, le « grand oeuvre vert » du Bingtuan a permis l’apparition, au coeur des régions désolées du Gobi, d’un réseau d’oasis où la protection du milieu va de pair avec l’économie. Grâce à des techniques d’irrigation hydro-économes comme la micro-irrigation ou la micro-aspersion, le Bingtuan économise chaque année un milliard de mètres cubes d’eau dans son agriculture. De cette manière, certains plans d’eau qui étaient menacés d’assèchement en raison du tarissement de leur approvisionnement en amont ont commencé à se rétablir, et le miracle d’une action humaine qui fait reculer le désert se produit désormais quotidiennement. Jusqu’en 2013, le Bingtuan a réussi à faire reverdir trois millions d’ha, dont 20 % sont arborés. La plupart des exploitations agricoles sont formées d’un mélange de terres cultivées et d’arbres, et 80 % des fermes du Bingtuan sont protégées par des barrières arborées.

  Le Bingtuan améliore sans cesse les conditions de vie du peuple. La priorité du Bingtuan a toujours été d'assurer les conditions de vie de ses membres et de les améliorer progressivement, à régler leurs problèmes les plus directs et les plus concrets, de promouvoir la justice dans les relations sociales en répartissant de manière plus équitable et plus abondante les fruits du développement au sein de son personnel. Grâce à de longues années d’efforts, les revenus, le logement, la sécurité sociale et l'emploi des membres du Bingtuan ont connu une élévation substantielle. En 2013, le revenu disponible des citadins du Bingtuan s’élevait à 23 100 yuan par tête ; le revenu net des fermiers à 14 300 yuan par tête ; le salaire moyen d’un employé à 44 000 yuan, chiffres qui traduisent une augmentation par rapport à l’année précédente de 17,8, 18,2 et 17,4 % respectivement. Ces dernières années, le Bingtuan a investi pas moins de 34,78 milliards de yuan pour améliorer les conditions de vie de ses membres, construit des habitations pour 143 000 ménages, relogé 72 000 ménages qui vivaient dans des conditions précaires et construit de nouveaux logements dans les campagnes pour 55 000 foyers. Jusqu'ici, plus de 70 % des travailleurs ont obtenu une nouvelle habitation. L’assurance vieillesse est assurée pour l’ensemble des citadins ; 2,2648 millions de membres sont inscrits à l'assurance médicale de base ; 94 000 personnes bénéficient de l’allocation de subsistance minimale ; plus de 200 000 traitements médicaux gratuits ont été donnés. En 2013, le Bingtuan avait un personnel de 1,2534 million de personnes, dont 711 100 actifs et 85 700 nouvelles recrues, soit un taux de chômage urbain à la fin de l’année de 2,55 % seulement.

  Le Bingtuan développe continuellement sa vocation sociale. Le Bingtuan a mis en place un système éducatif complet qui va du préscolaire à l'enseignement universitaire. L'enseignement obligatoire de neuf ans est quasiment la règle dans les zones administrées par lui, et on n’y rencontre plus d’analphabètes, qu’il s’agisse d’adultes ou de jeunes. Depuis 2013, le Bingtuan dispose de sept écoles supérieures ordinaires et pour les adultes, de 24 écoles techniques secondaires, de 243 écoles secondaires ordinaires et de 55 écoles primaires. Cela représente une population scolaire de 481 300 élèves et étudiants appartenant à toutes les ethnies de la région. Le Bingtuan promeut aussi la recherche scientifique : il possède 18 instituts scientifiques et centres de développement technique au service de la mise en valeur des frontières et de 120 000 techniciens spécialisés. Il a créé 14 grands laboratoires de tout genre, 40 centres techniques au service des entreprises et 24 centres de recherche technique au service des projets. Le Bingtuan a aussi mis en place un vaste réseau de services culturels : il a ouvert des théâtres, des centres culturels, des musées et autres établissements mémoriels, des bibliothèques et salles de lecture, des places de la culture. Il possède huit troupes artistiques spécialisées, une centaine de groupes artistiques amateurs, 197 émetteurs de radio et télédiffusion, 66 sites sur la Toile. Dans les zones administrées par le Bingtuan, la couverture radiophonique atteint 97 % et la couverture télévisée 98 %. 35 journaux et revues de large diffusion y sont publiés, sans parler d’une centaine d’ouvrages et documents à caractère culturel de toute sorte. Le Bingtuan ne cesse d’améliorer les soins médicaux et a mis en place un système de santé publique quasiment complet, si bien que les conditions d’hygiène et la santé des membres du Bingtuan ne cessent de s’améliorer. Le Bingtuan possède 1 348 établissements de soins médicaux divers et 24 800 travailleurs du secteur de la santé. Pour mille habitants, on compte 3,18 médecins ou médecins assistants, 3,89 infirmières diplômées et 10 lits d’hôpital. Le taux de mortalité est de 4,94 pour 1 000 habitants ; le taux de mortalité infantile est de 7,56 pour 1000 habitants ; quant à l’espérance de vie moyenne, elle est de 76,79 ans.

  Le Bingtuan ne cesse d’élargir son ouverture. Profitant de ses avantages dans l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire, le Bingtuan mène un commerce frontalier actif , notamment dans la logistique. Il a des relations économiques avec les pays européens et d’Asie centrale, et le volume et la variété des produits importés ou exportés ne cessent de s’élargir. À l'heure actuelle, le Bingtuan possède cinq centres nationaux de développement technique et 24 parcs industriels de niveau régional ou local et a établi des relations avec plus de 160 pays et régions. Il entretient des liens de coopération économique et technique avec plus de 20 pays et régions. En 2013, l’import-export du Bingtuan a totalisé 11, 591 milliards de dollars, 10,37 milliards pour les échanges de marchandises et 542 millions de dollars pour les services de main-d’oeuvre et la réalisation de projets.

  Le Bingtuan doit sa réussite économique à son esprit, qui peut se définir par les mots de patriotisme, désintéressement, endurance au travail et esprit pionnier. Depuis 60 ans, les membres du Bingtuan luttent dans les régions frontalières avec une nature hostile pour lui arracher des miracles au nom du bien de la patrie et de son service. Il est à noter que le Bingtuan n’aurait jamais pu réaliser tant d’exploits sans l’aide constante, étalée sur de longues années, non seulement du gouvernement central et de la région autonome, mais aussi de municipalités et de provinces du reste du pays. Depuis des années, l’aide financière apportée par le pouvoir central au Bingtuan s’élève à des montants considérables. En 2010, le gouvernement central a indiqué que les régions autonomes devaient être soutenues, et le Bingtuan en a bénéficié. De même, il a bénéficié des mesures en faveur de l’assistance entre homologues et de l’aide aux régions en difficulté. La région autonome ouïghoure du Xinjiang a affecté des terres, des pâturages, des ressources hydriques et minérales, des machines et des équipements et pris des politiques de soutien au Bingtuan, de manière à permettre son intégration dans l’économie locale. Les autres provinces et villes du pays lui ont également fourni des aides financières, techniques et de personnel, ce qui s’est révélé très utile pour son développement socio-économique.

  4. Le Bingtuan, gardien aux frontières de la stabilité et de l'unité nationale

  La frontière du Xinjiang étant très longue, sa garde est une très lourde responsabilité pour le Bingtuan. C’est pourquoi, dès sa fondation, le Bingtuan a été constitué en une force militaire régulière extrêmement bien organisée. Depuis de longues années, le Bingtuan est passé maître dans l’art d’allier sa vocation militaire avec sa vocation civile. Il possède des unités armées et des forces de police et, en même temps, il réussit à se fondre parfaitement dans la population laborieuse du Xinjiang, maniant naturellement et le fusil et la pioche. C’est ainsi qu’il a jusqu’ici été capable de défendre efficacement l’unité nationale et la stabilité du Xinjiang et de combattre, avec non moins d’efficacité, le terrorisme et les autres activités d’extrémistes violents. Le fer de lance du dispositif de garde frontalière sont les régiments du Bingtuan. Dans les zones à protéger et surveiller, le Bingtuan met en oeuvre à la fois un système de double tâche militaire et civile au sein duquel différentes unités se voient assigner des périmètres différents, et un système de défense quadripartite en vertu duquel il collabore étroitement avec les autres unités militaires régulières, avec les milices locales et avec la police militaire. Conformément aux dispositions du gouvernement central, le Bingtuan ne cesse de renforcer ses unités de garde aux frontières. Depuis 2000, le Bingtuan mène une campagne appelée « frontières d’or » consistant à améliorer les conditions de vie de son personnel et des populations de ses agglomérations, de manière à renforcer l’économie et la cohésion sociale et à élever le niveau de puissance globale des régions où il est présent, tout en augmentant sa propre force d’attraction. En vertu de cette campagne, le Bingtuan a procédé à la rénovation de logements, installé de nouveaux équipements d’adduction d’eau potable, amélioré le réseau routier et les transports, modernisé le réseau de radio et télédiffusion et mis à niveau ses hôpitaux et dispensaires, sans négliger l’hygiène et la qualité du milieu. Il a aussi, en profitant des avantages géographiques locaux, élargi son ouverture, notamment sur le plan commercial et culturel.

  Préserver la stabilité locale est l’une des principales responsabilités du Bingtuan. C’est d’ailleurs là une exigence fondamentale pour le bon gouvernement de la région. Depuis les années 80 du siècle précédent, les forces extrémistes de division et de violence n’ont cessé d’intensifier leurs attaques contre l’ordre établi. Pour faire face à toute situation de crise, les divisions, régiments, compagnies et entreprises du Bingtuan ont créé des unités d’intervention spéciales prêtes à entrer en action à tout moment. Celles-ci permettent au Bingtuan de jouer un rôle unique dans la stabilisation de la région et la lutte anti-terroriste. On l’a vu lors des troubles du 5 avril 1990 dans le bourg de Baren et le district d’Akto et de ceux du 2 mai 1997 dans la ville de Yining. Profitant de ses atouts de connaissance du terrain et de proximité, les unités d’intervention rapide du Bingtuan, en collaboration étroite avec les milices locales et les forces de police, ont maîtrisé la situation et infligé une cuisante défaite aux forces du chaos. Lors des émeutes de juillet 2009 à Ürümqi, le Bingtuan a aussitôt mis sur pied des brigades d’intervention pour assurer des patrouilles dans la ville et tenir les endroits stratégiques. À l’heure où nous écrivons, le Bingtuan s’efforce de mettre sur pied une milice populaire de premier ordre, dont l’emploi du temps sera partagé entre le service ordinaire et en temps de crise, l’entraînement et la production.

  Comme le Xinjiang est une région peuplée de plusieurs ethnies, la concorde entre ces communautés revêt une importance primordiale et durable pour l’unité nationale et la stabilité sociale. Le Bingtuan est mêlé intimement à la vie des habitants du pays, partageant leurs peines et leurs joies, de sorte que le développement et la défense locale sont devenus une affaire commune où tous s’épaulent et partagent les fruits des efforts de tous. Les membres du Bingtuan sont en quelque sorte « embarqués » dans le véhicule de combat commun, à la manière des journalistes de guerre. Depuis 60 ans, les reconstructeurs du Xinjiang maintiennent le même principe de service efficace et concret à la population locale et de dévouement au développement du Xinjiang. Les établissements médicaux du Bingtuan envoient par exemple durant toute l’année du personnel soignant dans les endroits les plus reculés pour venir en aide aux malades et aussi faire du travail de prévention. Lorsqu’ils se livrent à des travaux hydrauliques ou construisent des routes, les reconstructeurs veillent toujours à tenir compte des conséquences de leurs ouvrages sur les populations riveraines, de manière à ce que chaque projet apporte à tous des avantages. Dans les années 50 du siècle précédent, le Bingtuan a cédé aux communautés locales une série d’entreprises industrielles et de transport ; une décennie plus tard, il a fondé un fonds d’assistance à l’agriculture locale doté de huit millions de yuan renminbi ; dans les années 80, après son rétablissement, il a investi pendant cinq années consécutives plus de 90 millions de yuan renminbi dans des projets agricoles et de génie hydraulique à Kashgar et Tacheng et aidé les autorités locales à y mettre sur pied plus de 400 « établissements de haute tenue ». Depuis les années 90, le Bingtuan s’active aussi à répandre l’enseignement bilingue, que ce soit dans les écoles maternelles ou ailleurs, et forme pour cela des enseignants compétents. À partir de 1999 et pendant 14 ans, 57 régiments relevant de sept divisions cantonnées dans le nord du Xinjiang ont reçu et formé pas moins de 2156 cadres de diverses ethnies non han provenant de 32 villes et districts du Sud. Depuis le début du siècle, le Bingtuan, en collaboration avec les autorités locales, a mis sur pied 87 entités économiques mixtes et lancé plus de 200 projets d’économie combinée. Toute l’année, le Bingtuan dépêche aussi aux quatre coins du Xinjiang, et au profit des paysans et éleveurs de toutes les ethnies, des scientifiques qui font des conférences et des démonstrations d’agronomie, de mécanisation agricole ou d’élevage moderne. Comme on le voit, le Bingtuan travaille vraiment la main dans la main avec les autorités et les populations locales, pour le plus grand bénéfice de tous.

  Le Bingtuan compte 37 ethnies, dont les principales sont les Han, les Ouïghours, les Sibo, les Tadjiks, les Mongols, les Russes, les Kazakhs et les Hui. La proportion d’ethnies non han est de 13,9 %, soit 375 400 personnes. Le Bingtuan a fait de l’installation de familles de différentes ethnies au sein d’une même colonie l’un des axes de sa politique. Elle s’efforce aussi d’aider à la compréhension et à la coopération entre les ethnies locales par de nombreuses mesures politiques et une assistance aux populations démunies. Au cours des dernières années, le Bingtuan a mené à bien en tout 114 projets de mixité sociale interethnique, ce qui a représenté un investissement colossal de plus d’un milliard de yuan renminbi. Chaque projet comporte plusieurs volets qui vont des infrastructures urbaines au développement des activités agropastorales en passant par la construction de logements. En 2012, les 37 colonies interethniques du Bingtuan ont produit pour 11,103 milliards de biens et services, soit une augmentation de 42,8 % et de 24,4 points de pourcentage par rapport à la moyenne du Bingtuan.

  Le Bingtuan applique scrupuleusement les directives du gouvernement central concernant la religion et s’efforce de promouvoir l’entente entre tous, croyants et non-croyants, dans toutes ses activités. Elle respecte les us et coutumes des ethnies locales et encourage le développement harmonieux de toutes les communautés ethniques dans le respect de leur culture et de leur identité respectives. La situation culturelle particulière du Xinjiang permet au Bingtuan de faire à la fois la promotion de la modernité et de la culture nationale et de s’enrichir de l’apport des cultures indigènes, de sorte que le Xinjiang devient chaque jour davantage une vitrine de la diversité en Chine. Au sein du Bingtuan, les échanges culturels ne permettent pas seulement aux et aux autres de se mieux comprendre et apprécier, ils contribuent aussi à enraciner la culture avancée nationale  au Xinjiang et à y consolider la cohésion interethnique sous l’égide de la Nation.

  Le Bingtuan de reconstruction et de production du Xinjiang a vécu soixante années riches en péripéties et en entreprises de toute sorte.

  À l’heure où nous écrivons, le peuple chinois lutte pour la réalisation du grand rêve de la restauration nationale. Quant au Xinjiang, il s’efforce de trouver équilibre, paix et stabilité au sein de la grande famille qu’est la Nation. C’est pourquoi le gouvernement chinois est plus que jamais soucieux de consolider et de développer le Bingtuan de reconstruction et de production du Xinjiang. Son renforcement, si utile à la stabilité et à la fructification du pays, peut être considéré comme une politique à long terme de l’État. C’est pourquoi les reconstructeurs ont encore de beaux et nombreux jours devant eux.

  Le Bingtuan se trouve à un moment historique gros de chances inédites pour son développement. Il s’agit pour lui d’être plus que jamais le stabilisateur politique, le creuset culturel et le fer de lance économique de la région ; il doit plus que jamais se renforcer pour mieux accomplir sa double vocation : vocation militaire de défense et de stabilisation frontalières et vocation civile de dialogue interethnique.

  C’est pleins de foi et d’espoir dans la capacité, tant de fois éprouvée au cours des soixante dernières années, du Bingtuan du Xinjiang de relever ces défis avec l’aide du gouvernement chinois, avec le soutien du peuple chinois tout entier et avec l’appui des autorités et des populations de la région autonome que nous concluons cet écrit. Bon et glorieux soixantième anniversaire !

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